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Adeptes ou souffleurs ?

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Adeptes ou souffleurs ? Empty Adeptes ou souffleurs ?

Message  Christian Hersey Mer 4 Mar 2015 - 6:21

En langage courant actuel, le mot « adepte » désigne généralement une personne qui adhère intensément à un courant de pensée et pratique les rituels accompagnant celui-ci : adepte d'une religion, adepte d'une secte, adepte d'un sport, etc. Le mot « adepte » est alors souvent mis pour « disciple », « suiveur », voire « endoctriné ». Pour notre part, en Alchimie, nous éluderons ces acceptions pour ne retenir que la signification fournie par Eugène Canseliet, plus proche de l'étymologie originelle, et emploierons ce mot dans son sens le plus noble et, par déférence, le doterons toujours d’une majuscule. Car ce mot, ce titre, provient du latin adeptus (participe passé de adipiscor) et signifie "celui qui a obtenu, qui a acquis, qui a conquis, qui a atteint en marchant". Au sens figuré, on voit bien la représentation de l'aboutissement d'une démarche demandant efforts et mérite. C'est pourquoi nous n'emploierons jamais la dénomination d'Adepte que pour désigner les alchimistes ayant réussi le Grand Œuvre et atteint un état particulier, difficilement compréhensible par ceux qui n'ont pas franchi ce seuil.
Eugène Canseliet a écrit:L’Adepte est l'alchimiste qui a réussi le Grand Œuvre, qui a réalisé la Pierre Philosophale, au sens rigoureux du verbe, à savoir celui de rendre réel, positif, effectif. Parvenu à cette extrémité glorieuse de sa carrière, l'Adepte, simultanément, meurt au présent fugitif des contingences illusoires et naît à l'existence unique et sans antagonisme, dans l'omniprésence et la perpétuité. Là se termine son âge qu'il était accoutumé de compter à partir du jour où le besoin l'avait saisi de soumettre le grand problème à l'expérience et de remonter jusqu'au Créateur par l'intermédiaire de la matière créée.
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Allant dans le même sens, voici une précision du terme Adepte donnée par Filostène dans l'ouvrage GoTo Fulcanelli exhumé (éd. La Pierre Philosophale, 2011, p.24) :
Que dit la Tradition ? Un Maître ou plutôt, selon la terminologie alchimique plus précise, un Adepte (ce qui inclut toujours le fait d'avoir réussi le Grand Œuvre et obtenu « adeptus », la Pierre Philosophale) qui a réussi se métamorphose en Être Secret, en Témoin discret de la Lumière et généralement établit une barrière progressive entre le monde ordinaire et ses nouvelles préoccupations. [...] Plus proche du plan Divin, plus loin de la vie ordinaire des hommes. Il est nécessaire de répondre à certaines sollicitations mondaines, mais, si l'Adepte se doit parfois de les honorer pour perpétuer la Tradition et la filiation, il n'en oubliera certainement pas la discrétion qui incombe à sa charge.
En résumé, alors que l'alchimiste cherche (et se cherche), l'Adepte a abouti.


A l'opposé, le terme « souffleur », très nettement péjoratif, désigne avec dédain ceux qui croient s’activer en Alchimie alors qu’ils pratiquent en réalité une forme de chimie archaïque nécessitant de hautes températures. Anciennement, obtenir cette chaleur nécessitait un feu intense et l’entretenir longuement en l’alimentant en oxygène au moyen d’un At soufflet.

A moins d’employer du mercure, liquide à température ambiante, il est vrai que fondre des minéraux ou travailler des métaux requiert des processus en usage dans la métallurgie, mais encore faut-il évaluer en quoi cette pratique aurait un rapport avec l’Alchimie, car cette dernière use bien plus d’analogies que de descriptions explicites ! D’où méprises, erreurs et confusions. Néanmoins, la rumeur ancestrale a colporté jusqu’à nous une imagerie populaire décrivant des alchimistes s’échinant, des années durant, à chauffer et fondre des matières, souvent au détriment de leur bourse, de leur santé, de leur famille, comme le montrèrent de nombreux peintres fameux, comme par exemple GoTo David Teniers II, dit « le Jeune » dont cette œuvre nous montre un artisan actif au soufflet :

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Cette imagerie très répandue est-elle pertinente ?
Oui, dans la mesure où les témoignages relatent de telles pratiques, assez répandues d’ailleurs.
Non, en ce sens que prendre au pied de la lettre des textes codés ne peut conduire qu’à l’égarement.
Ce ne sont pourtant pas les mises en garde qui manquent, rappelant les étudiants à une vigilance constante afin de ne pas tomber dans les pièges destinés à filtrer les postulants, ouvrant la porte aux plus sagaces mais laissant errer les souffleurs avides.

L'alchimiste allemand Michael Maïer indique ce risque de dévoiement dans son GoTo Atalanta Fugiens (Atalante fugitive), par exemple dans son GoTo Discours L (50), mais, comme souvent, de manière assez discrète et fugace pour qui n'est pas assez attentif :
Michael Maïer a écrit:La femme ou l’aigle est l’eau aérienne ; certains la nomment aigle blanc ou céleste et s’affairent à la réaliser au moyen de Mercure vulgaire ou des sels sublimés, suivant en cela la direction de certains qui sont aveugles dans cet art et font semblant d’être des lynx.

Nombre d'auteurs répètent à l'envi que l'Alchimie ne s'aborde pas comme l'art culinaire, comme s'il s'agissait de découvrir une "recette" ou une "formule" à appliquer sur des matériaux à réchauffer. Cependant, ils n'hésitent pas à noyer ce message dans une surabondance de considérations techniques sur lesquelles les envieux se ruent comme mouches sur crottin. Et c'est là qu'on observe les souffleurs gaspiller des années à "souffler", sans percevoir la dimension allégorique des processus chimiques décrits par analogie...

Nonobstant ce qui précède, il conviendrait de ne pas non plus tomber dans le travers contraire ! Celui d'une alchimie exclusivement dénuée de matière (dite alchimie spirituelle, ou interne), quelles que soient les vertus de cette approche : nous ne sommes nullement de purs esprits. Nous sommes faits de matière, nous vivons dans la matière, non sans raisons, et il importe de percevoir l'attitude finement précise du juste équilibre.
L'Alchimie est-elle spirituelle ? Oui. Assurément. Mais...
L'Alchimie est-elle un mode d'action particulier sur la matière ? Oui, sans aucun doute. Mais...

Tournons-nous une fois encore vers Eugène Canseliet, lui qui évoque rien moins qu'une Langue des Oiseaux communion entre l'opérateur et sa matière, dans GoTo Alchimie – Nouvelles études diverses sur la Discipline alchimique et le Sacré hermétique – partie "Alchimie" :
Assurément, peut-on dire que l'alchimie est spirituelle, car sans l'intime communion de l'alchimiste avec sa matière et le Cosmos dont il demande l'aide et implore la clémence, il n'accomplirait, devant son fourneau, rien qui ne soit autre que des manipulations courantes et fort banales.

Adeptes d'un côté, souffleurs de l'autre...
Il revient à chacun de choisir sa voie et d'éviter les écueils dont celle-ci est certainement truffée.
Christian Hersey
Christian Hersey

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